Un nouveau quartier pour Chassiers.

Deux billets ont déjà évoqué cette question voir ici et aussi .

La Municipalité continue à réfléchir à l’utilisation de la réserve foncière qu’elle a pu acheter. Au cours d’une réunion de commission extra-municipale, tenue le 11 février, il m’a semblé qu’on s’oriente vers l’ouverture d’un nouveau quartier résidentiel et qu’en serait exclu le projet de salle polyvalente, un moment envisagé. Sur ce point, le Maire a déclaré ne pas renoncer mais envisager d’installer cette salle “à un autre endroit”.

Pradels

La réflexion en cours s’oriente vers un découpage de la zone en deux sous-zones :

une zone (à droite de la route quand on vient du cimetière pour aller sur les Combes) dont les parcelles seraient vendues en quatre lots à des particuliers ; elle correspond à la partie haute de la zone, actuellement occupée par des terrasses en bon état, et surmontée par le quartier de la Combe du Bosquet.

à gauche de la route et en contre-bas, la partie la plus étendue (un peu moins de 15.000 mètres carrés contre un peu plus de 3.000 pour le haut) serait principalement consacrée à la construction de logements locatifs, destinés, les uns, à des personnes âgées mais indépendantes et ne souhaitant pas aller en maison de retraite, les autres, à des personnes dont les revenus correspondent à des loyers modérés, conventionnés et aidés. Pour permettre une vie de quartier plus conviviale, on adjoindrait à ces logements (individuels) un bâtiment d’environ 150 mètres carrés d’usage collectif.
Dans sa partie la plus basse, cette zone comporterait une place pour l’évacuation des eaux pluviales (lagunage) qui pourrait servir aussi de parking.

Une fois sur le terrain, on peut se rendre compte que la zone devrait offrir au futur quartier de bonnes conditions : le site est protégé du nord-est par la colline à laquelle il s’adosse et il est largement ouvert sur l’ouest et le sud ; il est à une petite dizaine de minutes du village à marche lente et il offre aux promeneurs des chemins et des sentiers sur lesquels les véhicules motorisés ne devraient pas être trop présents.

Seulement, les avantages de sa situation en font aussi la fragilité. En effet, ce nouveau quartier est certes “largement ouvert sur l’ouest et le sud”, oui, mais cette ouverture fait qu’il est grandement visible à partir de la crête allant de Montréal à Tauriers et au-delà, à moins que ne soit protégé (et de façon impérative et durable) l’écrin de hauts arbres qui le masque pour l’instant. Certes, il s’agit de pins sylvestres tout à fait banals, mais ils sont efficaces pour arrêter le regard (n’oublions jamais qu’à notre échelle, la lumière se déplace en ligne droite !) et ils s’inscrivent agréablement dans le paysage.

Pour cette raison, mais aussi pour épargner aux futurs résidents et aux visiteurs des tas hétéroclites de bâtisses neuves construites sans coordination de hauteurs et de coloris, il me semble qu’il conviendrait de profiter de l’actuelle révision du P.L.U pour imposer un règlement précis.


Avant de proposer des éléments de réflexion, je voudrais rappeler ce qu’est un PLU et son règlement, en renvoyant à ce billet déjà un peu ancien , notamment pour le paragraphe où sont distingués le PADD (Projet d’Aménagement pour le Développement Durable, non opposable) et le Règlement qui en est déduit. Si la Municipalité veut vraiment que son nouveau quartier ait une chance de s’inscrire harmonieusement dans un paysage qui contribue grandement à ce que Chassiers soit un “Village de caractère”, il lui faut se doter de moyens efficaces. Elle ne peut pas se satisfaire d’un PADD, aussi explicite soit-il, elle doit aller au-delà vers l’établissement, quartier par quartier, d’un règlement traduisant les intentions du PADD en contraintes opposables à toute construction neuve ou à toute modification de construction existante. Sinon, on se résout à ajouter un parpaing chassiérois à l’édifice déjà lourd de “La France Moche”, en plein développement non-durable.

S’agissant d’un quartier neuf, et en plus en crête, je crois que l’essentiel des mesures à prendre doit viser à le rendre le plus discret, le moins visible possible. J’ai déjà évoqué la nécessité de protéger les écrans arborés, mais il me semble que cette précaution doit être renforcée en imposant des hauteurs maximales assez faibles pour qu’on obtienne des maisons d’un seul niveau, surtout dans la partie la plus en pente et la plus élevée. Par ailleurs, et toujours en visant la discrétion, un nuancier de crépis pourrait être demandé de façon que l’ensemble s’intègre dans les teintes et les valeurs du paysage, ce qui implique qu’on ne se contente pas, comme dans l’ancien POS, de parler en pourcentage.

Ces contraintes, liées à l’impact du quartier sur l’extérieur, pourraient sans doute être rendues plus acceptables par les résidents si elles s’accompagnaient d’exigences visant à rendre plus facile la vie du quartier : plantations de bouquets d’arbres non-résineux et pas forcément d’ornement ; installation et entretien d’un lacis de sentiers adaptés à des personnes à mobilité difficile.

Reste une hypothèque à lever et ce sera difficile ! En effet, la Municipalité a le souci – légitime, à première vue – que, financièrement, l’opération soit une opération “blanche” : il faudrait pouvoir récupérer au moins une partie importante des dépenses collectives engagées pour l’achat des terrains et surtout pour celles qui seront engagées pour mener à bien les équipements collectifs indispensables. D’après ce qui a été évoquée à la dernière réunion (depuis laquelle le Conseil Municipal a pu faire des choix que je ne connais pas), la Municipalité envisageait à ce moment de vendre le plus possible de terrains à des particuliers et de calculer le prix en fonction des engagements prévisibles de dépenses. Ce principe pourrait pousser la Municipalité à ne pas se contenter des quatre lots de la zone haute, mais à y ajouter la vente de lots dans la zone basse : il a été question de sept habitations individuelles dans cette partie. Certes les prévisions devront être affinées, tout le monde est conscient de cela, mais on en est actuellement à 4+10+10+7 maisons individuelles, ce qui est beaucoup trop pour les futurs équilibres du quartier. Comment envisager de pouvoir construire une trentaine de maisons basses sur moins de 15.000 mètres carrés sans créer immédiatement un de ces quartiers suburbains sans caractère qu’on trouve en général à la périphérie des agglomérations?

Les hypothèses de travail actuellement retenues pour la zone basse sont de 7 maisons individuelles avec 700 mètres carrés pour chaque lot, de 10 logements sociaux individuels posés sur des lots de moins de 300 mètres carrés chacun et de 10 logements pour personnes âgées sur des lots de 100 mètres carrés. Il me semble que les surfaces des parcelles sont parlantes : ce serait l’entassement. Il faudrait se fixer des objectifs plus modestes et plus raisonnables : cinq logements sociaux, cinq à huit logements locatifs pour personnes âgées indépendantes et peut-être deux ou trois pavillons du type de ceux prévus en zone haute permettraient quand même à une vingtaine de ménages de s’installer dans le nouveau quartier. Il est bien possible qu’en limitant ainsi la partie pavillonnaire du bas, on s’interdise d’équilibrer dépenses et recettes d’investissement, mais le déficit probable et l’emprunt supplémentaire dont il s’accompagnerait nécessairement paraissent acceptables si on les rapporte aux avantages à espérer.

Une réponse à “La réserve foncière (suite)”
  1. admin dit :

    Avec son accord, je place ici un commentaire de Monsieur Pierre Lemblé :

    Bonjour Monsieur,
    Dans votre blog vous parlez des « réserves foncières » vers la croix des Pradels . Je sais que vous n’êtes pour rien dans ces décisions mais votre site me permet de faire éclater ma rébellion.
    Que se passe- t- il- donc à Chassiers ? Le “carrefour des Pradels” sera-t-il bientôt le centre d’une cité urbaine?
    Quel intérêt !!
    Les « faïsses » dont vous parlez sont si belles! Pourquoi vouloir les détruire alors qu’au nom du “Village de caractère” elles devraient être localement ” classées”.
    Avez vous entendu parler d’un projet de l’implantation d’un restaurant et des mobile homes à Coulens dans la propriété du “Jacquou”((devenu par la suite propriété de Monsieur Colombat )par un prédateur local de la nature et du “caractère” du village. Passe encore le restaurant mais Chassiers dans sa partie basse en regorge. Il serait merveilleux que ses hauteurs en restent vierges.
    Pourquoi cet accès subit de mercantilisme ?
    Pourquoi cet accès d’extension ?

    Je trouve que l’on veut beaucoup construire à Chassiers . N’est-ce pas contradictoire avec l’esprit du « village de caractère« . Ce qualificatif de caractère n’est il réduit qu’au centre d’un village pour cacher le « n’importe quoi » d’ailleurs. La campagne et la nature environnante font partie du village et de son caractère tout comme les habitudes de vie de ses habitants.
    Et la municipalité !! agit ou autorise ou tolère ces contradictions . Mon Dieu , mon Dieu ou que Diable que Diable !! Selon les convictions de chacun. Merci de m’avoir consacré le temps de cette lecture mais je n’ai trouvé que votre blog pour exprimer mon humeur. Je vous prie de m’en excuser ! Quel dommage que la mairie n’ait pas un site !

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