Mille ans plus tard ou à peu près …

Nouvelle ontologique

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Cette nouvelle est saucissonnée en huit morceaux, pour en faciliter la lecture. Je ne sais pas si le procédé sera efficace et je prépare une version .pdf qui sera annoncée ici.

Mille ans plus tard, ou à peu près, un être humain – parcourant sans y prendre vraiment garde quelque marché dans un de ces endroits du monde qu’on qualifie volontiers de « fin fond » – eut son regard arrêté, sur l’étal surchargé de livres d’un poste de vente, par un volume très simple, ou qui lui parut tel, seulement décoré sur sa première de couverture par de la calligraphie arabe qu’il ne savait pas lire. En d’autres temps qui appartenaient à la même durée, il avait pu avoir entre les mains un autre ouvrage du même auteur, ouvrage dont il n’avait pas mené la lecture à son terme – il ne savait plus pourquoi, l’avait-il jamais su ? – mais qui l’avait suffisamment intéressé pour qu’il se fût promis, un peu négligemment comme on se promet ce genre de choses, d’y revenir.

Notre être humain prit donc le livre et le feuilleta, se doutant bien que le feuilletant il trouverait, outre le prix de vente de cette occasion, la référence du dessin calligraphié. C’était une calligraphie inspirée par le verset XXXIV, 15 du Coran et la référence précisait que ce verset est connu sous le nom « Lumière sur Lumière ». Notre être humain ne se dit pas – mais il aurait pu se dire – qu’il n’y avait là rien qui pût retenir son attention qui, à ce moment, se fixait volontiers sur des réflexions non théologiques. Mais il se dit – et aussi bien, il aurait pu ne pas se dire – que cette occasion lui offrait la possibilité de revenir à un auteur, Henry Corbin, qui l’avait en d’autres temps intéressé vivement par les réflexions philosophiques à lui inspirées par la théologie ismaélienne. Le livre qu’il tenait présentement entre les mains avait d’ailleurs pour titre « Trilogie Ismaélienne ». 15 euros. Pourquoi pas?

lumière

Du temps avait passé, beaucoup de temps, mais on restait quand même mille ans plus tard, ou à peu près, il retrouva le livre dans son bureau, par hasard. Par hasard? « Trilogie Ismaélienne » avait profité de la chute apparemment malencontreuse d’une pile de bouquins entassés en désordre pour glisser sur le parterre du bureau, un peu plus loin que les autres éléments de la pile. Tout en pestant contre sa négligence et les rhumatismes qui la rendaient encore plus coupable, il s’en absout facilement – chose qui lui arrivait assez fréquemment – en remarquant que celle-là, la négligence, combinée avec ceux-ci, les rhumatismes, lui permettait de retrouver facilement les ouvrages dont il aurait un jour besoin. Il avait donc ramassé le livre et entrepris de le lire. Il eut vite l’impression que bien lui avait pris.

(à suivre 2)

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