Coordonnées

Un peu sur le relief

Un peu sur le climat

Rêverie autour d’un petit château

Coordonnées

Prenez une mappemonde, bien sphérique. Repérez dessus, un peu à droite du méridien de Greenwich, le méridien 4° E Repérez maintenant, pratiquement à mi-chemin entre le Pôle Nord et l’Èquateur, le parallèle 44°N. Observez l’endroit où ces deux lignes (imaginaires, comme il se doit) se coupent. Vous y êtes? D’accord! Vous n’y êtes pas vraiment (mais y est-on jamais vraiment?). Alors, à partir de ce point, déplacez-vous d’un tout petit peu vers le nord et d’un petit peu encore plus petit vers l’est : cette fois, vous y êtes.

Sauf que le point mathématique au croisement du méridien et du parallèle prend de l’épaisseur et s’étale sur une douzaine de kilomètres moins carrés qu’on ne s’y attendrait.Chassiers, en effet, ne se réduit pas à son village chef-lieu : c’est un territoire dont le finage (le périmètre, si on veut) englobe aussi deux douzaines d’écarts, parfois assez éloignés du « centre ». Les deux tiers de ses résidents habitent d’ailleurs dans ces écarts et ne manquent pas parfois de se plaindre que la Mairie se consacre trop au « village ». En 1939, par exemple, on eût pu croire que le principal souci des chefs de famille des hameaux de Joux, la Rouvière, Moncouquiol ou Luthe était de savoir si la commune de Chassiers accepterait qu’ils soient rattachés à la commune de Rocher ! En fait, qui veut contribuer à orienter la vie collective des habitants de la commune rencontre nécessairement cette question et doit proposer des solutions, non pas pour qu’elle ne se pose plus mais pour éviter qu’elle dégénère.

croquis

Un peu sur le relief

Cela dit, l’environnement géographique incite plus à la sérénité qu’à la colère. Latitude et longitude définissent un espace cévenol situé aux confins des derniers contreforts sud-sud-est du Massif Central, pas du tout montagnards, à peine montagneux, malgré l’importance des dénivelés : en trois kilomètres de vol d’oiseau, on passe de 195 mètres d’altitude à 608 mètres. Déjà, les voyageurs du dix-huitième siècle insistaient sur ce qu’ils appelaient le caractère « riant » de ce terroir pour l’opposer aux « pays affreux » des Alpes et du Plateau Ardéchois. Et c’est vrai que les « serres » de la dorsale centrale qui organise le relief de la commune donnent un moutonnement de collines douces à partir desquelles et vers lesquelles le regard peut à la fois s’élargir et se poser sans être continuellement arrêté par des abrupts ni se perdre dans le vide des lointains.

Un peu sur le climat

Certes, ces « amphithéatres » (comme les nomme le Cahier de Doléances rédigé en 1789 pour les chefs de famille de la communauté) sont encore aujourd’hui « excoriés » par les pluies méditerranéennes, surtout en automne, qui arrachent les murets de pierres sèches et peuvent submerger la station d’épuration, mais, ici, le climat méditerranéen est en général adouci à la fois par la latitude (un peu plus au nord, l’olivier disparaît) et par l’altitude : l’olivier et la vigne voisinent avec le châtaignier, le pommier, le pêcher, le cerisier, le frêne. Plutôt qu’aux touffeurs qui pèsent souvent sur les garrigues languedociennes ou les maquis provençaux, j’aime à comparer l’aspect aérien du climat local à ce que je m’imagine de la Toscane : de la lumière, oui, de la lumière partout, certes, et fort solaire, mais qui cherche à se faire pardonner son outrance en dispersant ses atomes comme autant de gouttelettes. Un bassinage lumineux…

Rêverie autour d’un petit château

la motte chalendar

En dehors de la Rouvière, c’est aux alentours du petit château de la Motte que je crois ressentir le mieux cette atmosphère aérienne dans laquelle les oxydes des grès les plus gris inventent – sans y insister – des orangés, des roses et des roux surtout aux heures et aux saisons où les ombres s’allongent. L’intelligence et la bonté y sont si présentes qu’on imagine ici le souvenir de ce Guillaume de la Motte qui, vers 1572, quand les guerres civiles religieuses offraient à n’importe qui les prétextes les plus violents pour régler ses comptes personnels (son château avait été incendié en 1568), se serait arrangé avec son ami calviniste, Olivier de Serre, pour éviter que les massacres de la Saint-Barthélemy n’aggravent dans le pays une situation déjà fort douloureuse.

Pour en savoir plus vous pouvez aller ici

Bien entendu, il s’agit d’un Guillaume de la Motte imaginaire ( vit-on jamais des personnages historiques autrement qu’en imagination ?), mais il me semble qu’il est possible sans effort d’imaginer un bon « mesnager des champs » face à son « théâtre d’agriculture » devant cet édifice modeste qui évoque plus une « villégiature » florentine du dix-neuvième siècle qu’un château-fort, bien qu’il remonte, pour ses parties les plus anciennes, au début du seizième. En tout cas, passant un peu vite de l’imaginaire au symbolique, j’y verrais facilement l’allusion au terroir méditerranéen bien tempéré qui entoure le village de Chassiers…


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