Éblouissements (0)

Il est à la fois (très) excitant et (un peu) désolant de s’apercevoir, en lisant et souvent au hasard, que le texte rencontré vous séduit si brutalement que vous avez alors envie de l’avoir écrit vous-même ! Cet éblouissement peut même vous conduire à douter de votre propre capacité à écrire. Rassurez-vous : cela ne dure pas.

L’immensité de votre mauvaise foi (autrement dit : votre besoin irrépressible d’écrire) vous convainc aussitôt que non, tout n’a pas été écrit déjà et que même votre aptitude à jouir de ces textes serait plutôt la preuve que vous faites partie de ces happy few si nombreux à se laisser inspirer par les Muses, même lorsqu’ils savent (ou ne parviennent pas à ignorer) que le destin de leurs textes personnels est de demeurer dans l’ordre intime.

Ce sont quelques uns de ces éblouissements que je voudrais noter ici, sans me préoccuper trop des droits d’auteur, convaincu depuis longtemps que l’épiphanie d’un texte – et il ne s’agit pas seulement des textes écrits – n’est fondamentalement la propriété de personne. Au demeurant, je ne les ferai jamais passer pour miens et ils relèveront toujours de mon admiration et non d’un quelconque ricanement.

J’admets pourtant qu’au delà (ou, bien sûr, en deçà) des questions de copyright, l’ancrage de l’impersonnel absolu sur les impulsions de telle ou telle personne singulière pose une question préoccupante. Mais elle est de l’ordre de la philosophie la plus poétique. J’y reviendrai  très certainement.*


*J’y suis déjà revenu souvent, par exemple, assez récemment ici

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