La précédente municipalité s’était cru obligée de remplacer le Plan d’Occupation des Sols, déjà maintes fois remanié depuis sa création en 1988, par un Plan Local d’Urbanisme. Il est vrai que la loi dite « SRU » (Schéma de Rénovation Urbaine, je crois), votée par un Parlement de Gauche pour permettre aux collectivités locales de mieux contrôler l’urbanisation autour des agglomérations, incite vivement les municipalités à se doter de cet outil. Soit. Sauf erreur de ma part, la Municipalité Moretto a donc adopté en 2007 un Plan Local d’Urbanisme (un PLU) dont apparemment la principale nouveauté par rapport à l’ancien POS consiste à permettre une certaine expansion du camping des « Ranchisses ».

Un débat – assez véhément – semble avoir accompagné l’enquête publique qui fut ouverte à ce moment, mais, curieusement, la liste qui devait l’emporter au détriment de la liste sortante présentait, côte à côte, le propriétaire du camping et le président de l’association qui s’était créée pour protester contre l’expansion de ce camping.  Le corps électoral devait d’ailleurs trancher en acceptant de se porter majoritairement sur cette liste mais en en excluant le propriétaire du camping. Pourtant, les commentaires sur ce scrutin semble avoir attaché plus d’importance à la défaite de la municipalité sortante qu’à l’échec de ce professionnel du tourisme. Il faut dire qu’aucune des listes en présence n’avait abordé, dans sa profession de foi, la question du PLU.


Or, quelques semaines après son succès, la nouvelle municipalité avait à voter le budget primitif pour l’année 2008. Chacun comprend bien que le degré de liberté d’une nouvelle équipe est très limité et qu’il est normal que celle-ci mette ses pas dans ceux de ses prédécesseurs et il n’est pas du tout de mon propos de le lui reprocher. En revanche, j’aurai tendance à m’étonner que le Budget adopté prévoie 20.000 euros (somme dont on conviendra qu’elle est rondelette) pour une révision du PLU semblant sortir du chapeau comme par enchantement.


Plus encore qu’un Plan d’Occupation des Sols (puisqu’il est articulé,lui, avec d’autres PLU sur un Schéma général) un Plan Local d’Urbanisme est destiné à orienter le moyen et le long terme et non à fluctuer de court terme en court terme. Décidé en 2007, après consultation de la population, le PLU avait logiquement une espérance de vie d’au moins une mandature. Que s’est-il donc passé pour qu’on envisage si vite d’abréger sa durée? Je n’en sais rien mais ces 20.000 euros m’offrent l’occasion d’exprimer ici ma réticence quant à une certaine manière d’envisager l’avenir proche de la commune.


Je note d’abord qu’aucune des listes en présence en mars 2008 n’a donné d’indications sur la manière dont elle envisageait cet avenir : il nous a été présenté soit des précisions sur des points de détail soit de très vagues intentions interchangeables et qui n’engagent à rien. Certes, cette absence de vision est très répandue (au point qu’elle est parfois considérée comme la clé du succès électoral) mais elle a l’inconvénient, majeur à mes yeux,  de contraindre (ou d’autoriser) les élus à gérer la Commune tantôt de façon myope au gré des pressions au jour le jour des proches ou des familiers, tantôt -pour s’élever un peu au dessus du quotidien – de façon autoritaire, en s’abritant derrière les réglements nationaux ou européens et en transformant la Mairie en annexe de la Sous-Préfecture.


Je note aussi que sous le dernier mandat de Paul Lemblé et sous le mandat de Georges Stempert, un effort partiellement réussi avait été accompli pour proposer à la population une sorte de projet de vie collective qui était certes plus une intention qu’une réalité, mais du moins l’intention existait-elle ouvertement et se traduisait-elle par des réalisations concrètes appréciées : pas seulement la construction d’une école neuve et ses agrandissements mais aussi l’aménagement des espaces publics, pas seulement des réalisations matérielles mais aussi la participation des élus à la vie associative… Chassiers avait ainsi acquis par rapport aux communes environnantes une réputation enviable, peut-être même un peu surfaite!


De quelle intention s’agissait-il ? Je l’ai précisé dans le précédent billet : « Il était proposé aux Chassiérois de se représenter leur commune comme un « pays » où se trouvent réunies, un peu par le hasard, un peu par la similitude des choix de vie, des familles dont les individus sentent plus ou moins vaguement qu’ils sont orientés par l’environnement vers un genre de vie calme, lent, convivial n’excluant pas l’usage des moyens de communication les plus contemporains pour demeurer en contact avec les goûts plus bruyants, plus rapides, plus grégaires de « la ville » mais en gardant en permanence la possibilité rassurante de revenir au bercail. Une sorte de commentaire ou d’illustration de ce que les sociologues appellent « le mode de vie rurbain », condensant dans ce néologisme une double aspiration qui a aussi le mérite de rapprocher population traditionnelle et nouveaux venus, retraités et adultes plus jeunes ou enfants et même des marginaux qui peuvent se sentir plus en sécurité ici qu’en ville. »


Je répète qu’il s’agit plutôt d’une intention, c’est-à-dire d’une orientation non impérative et qui n’est pas toujours suivie d’effets, mais qui propose aux Chassiérois une manière possible de se gérer et de gérer leur cadre de vie. Au sens strict, c’est une « profession de foi »… qui peut sembler vide et qui le reste effectivement tant qu’elle ne se traduit pas par des décisions précises prises par les élus et reliées par eux et par leurs « administrés » à cette profession de foi. En fait, on le voit, il s’agit d’une grille de lecture permettant à tous ceux qui le désirent (et sans obligation de leur part si ce ne sont pas des élus) de comprendre les décisions concrètes en les intégrant dans un projet.


On le comprend peut-être mieux maintenant : les 20.000 euros mis de côté par le Budget Primitif de 2008 pour réviser le PLU me paraissent peu compatibles avec cette intention. Je trouve qu’il eût été préférable d’entendre le nouveau Maire de Chassiers préciser que, vu le caractère récent du PLU dont il a hérité, ces 20.000 euros doivent être considérés comme une réserve à laquelle on ne touche pas durant la durée de son mandat.

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