Solitude où je trouve une douceur secrète,
Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais
Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais?

La Fontaine

Le précédent billet s’est un peu attardé sur ce qu’on appelait jadis « les conditions naturelles » de Chassiers : climat, relief, nature du sous-sol. Mais il concluait – d’une manière qui peut sembler bizarre pour un exposé de géomorphologie – sur une invitation à délaisser la géographie pour la philosophie, voire, la poésie… Ce n’est pas un dérapage ! Je crois, au contraire, que je suis là au coeur de ce que je souhaite pour cet aiguillage du blog.

Oui, il n’est pas mauvais, par exemple, de constater que le terroir de Chassiers peut être lu comme un « pays » où se trouvent réunies, un peu par le hasard, un peu par la similitude des choix de vie, des familles dont les individus sentent plus ou moins vaguement qu’ils sont orientés par l’environnement local vers un genre de vie calme, lente, conviviale, n’excluant pas l’usage des moyens de communication les plus contemporains pour demeurer en contact avec les goûts plus bruyants, plus rapides, plus grégaires de la grande ville. Une sorte de commentaire ou d’illustration de ce que les sociologues nomment « le mode de vie rurbain », condensant dans ce néologisme une double aspiration (rurale, urbaine) qui a aussi le mérite de rapprocher population traditionnelle et nouveaux venus, retraités et adultes jeunes ou enfants et même des marginaux qui peuvent se sentir ici plus en sécurité qu’en ville.

Sous ses aspects géographiques ou historiques (j’y reviendrai souvent, j’en suis sûr), je veux croire que le patrimoine au milieu duquel les Chassiérois d’aujourd’hui restent ou s’installent invite les résidents à la sérénité plus qu’à la véhémence, au silence plus qu’au bruit, à la lenteur plus qu’au stress de la hâte, à la qualité plus qu’à la quantité. Bien entendu, il arrive parfois et trop souvent que les détresses de la vie courante contrarient cette quiétude et fassent qu’on en arrive à s’irriter contre, mais comment ne pas être sensible à la modération de la version locale du climat méditerranéen, à la douceur du tracé des « serres » qui constituent la dorsale de notre terroir, à l’élégance spontanée avec laquelle les « faïsses » et leurs murets de pierres sèches jouent avec les courbes de niveau ? Ici, on peut croire respirer enfin : à mille lieues de l’autoroute, des agglomérations, des entassements touristiques ou, inversement, de l’écrasante sauvagerie de la montagne haute.

Salut, la Négrote!
Chat(te) de Chassiers

Pour l’instant, je voudrais amener l’éventuel visiteur de ce blog à comprendre que la « description » ne se donne pas pour objective, qu’elle assume, au contraire, son côté subjectif, ce qui la conduit en aval à émettre des souhaits ou des inquiétudes sur le devenir de la gestion communale (donc à faire de la politique municipale) et en amont à explorer les possibilités philosophiques et poétiques que la présence de ce terroir si bien tempéré offre. Donc : en aval, une sorte de bulletin municipal-bis et en amont, « la gamberge »! J’espère que personne – à commencer par moi-même – n’y perdra son latin…

Et maintenant, en aval!

Répondre